La Mad Pride

 

Une « Mad Pride » est un défilé, une marche festive, au cours de laquelle des usagers en santé mentale, des familles, des professionnels du social, du sanitaire, des bénévoles, des sympathisants… clament le droit au respect, à la dignité et à la reconnaissance pour les personnes souffrant de troubles psychiques.

 

Existant depuis des années dans certains pays, la première Mad Pride française s’est déroulée en juin 2014.

 

Historique

 

Le vocable anglais « pride », tiré de l’adjectif « proud », signifie « la fierté », au sens « le fait d’assumer ». « Mad » signifie « fou ». La Mad Pride est un mouvement populaire né au Canada dans les années 90 et qui s’est mondialisé : de l’Angleterre à l’Australie en passant par d’autres pays comme l’Afrique du Sud, les Etats-Unis, l’Australie…

 

La première marche de ce genre s’est déroulée dans les rues de Toronto, au Canada, sous le nom de « Psychiatric Survivor Pride Day », il y a 20 ans. Elle a été mise en place en réponse aux préjugés de la communauté locale envers les populations des milieux psychiatriques. Dès lors, une marche a lieu chaque année.

 

Ces marches sont hautement symboliques car les participants, jadis enfermés dans les asiles psychiatriques et aujourd’hui insuffisamment intégrés et acceptés par la société, ont ainsi l’occasion de s’unir pour une marche citoyenne au cœur de la Cité.

 

Partout dans le monde, les Mad Pride sont organisées avec l’objectif de célébrer « la créativité, la force et la résilience de l’esprit humain » à travers différentes manifestations artistiques, théâtrales, musicales, des défilés, etc.

 

L’idée de départ est de lutter contre la discrimination et les préjugés négatifs concernant les personnes ayant des problèmes de santé mentale, et l’objectif de promouvoir l’inclusion de ces personnes sur le plan économique, social, environnemental et culturel. Il s’agit de contrer l’image négative des problèmes psychiatriques dans la société et de réclamer une meilleure protection des droits et d’accès aux soins des patients en tant que citoyens.

 

Cet événement a lieu régulièrement dans les villes de : Londres et Leeds (GB), Dublin (Irlande), Amsterdam (Pays Bas), Bruxelles (Belgique), Vilnius (Lituanie), Toronto et Vancouver (Canada), New York, Chicago (et plusieurs autres grandes villes aux Etats-Unis), et jusqu’à Accra (Ghana), Brisbane (Australie) et Cape Town (Afrique du Sud).

 

La Mad Pride peut être célébrée à n’importe quelle date, mais est le plus souvent organisée autour du 14 juillet en commémoration de la prise de la Bastille à Paris et la libération à cette occasion de deux prisonniers incarcérés en raison de leurs troubles mentaux.

 

Les objectifs des Mad Pride

 

Revendiquer haut et fort le respect et la dignité pour les usagers en santé mentale.

 

Dénoncer la stigmatisation des usagers en santé mentale.

 

Lutter contre les préjugés qui les touchent.

 

Briser les stéréotypes : « Schizophrénie = violence » - « Dépression = manque de volonté, faiblesse de caractère » - « Malade mental/ psychique = irresponsable, incapable »

 

Faire une action spectaculaire et festive, avec un contenu fort et parlant à tout le monde.

 

Informer, interpeller et mobiliser un large public sur les troubles psychiques : phénomène méconnu et le plus incompris des handicaps.

 

Faire valoir la reconnaissance du pouvoir de décision des usagers dans les Accompagnements qui leur sont dus.

 

Mettre en lumière les capacités et  les aspirations de vie indépendante des personnes souffrant de troubles psychiques.

 

Montrer que les personnes en souffrance psychique sont des  personnes comme les autres. Leur fierté c’est de ne pas être « extraordinaires ».

 

S’inscrire dans un mouvement international sur le sujet.

 

La Mad Pride française

 

La première Mad Pride (ou « Marche des fous ») française a eu lieu le 14 juin 2014 ; ça sera donc sa troisième édition en 2016.

 

L’idée d’une marche parisienne était née d’un double constat : le peu de cas accordé à la psychiatrie dans le système médical français – et surtout la loi de juillet 2011, qui peut imposer un traitement psychiatrique à un usager sans son consentement.

 

Elle a rassemblé plus de 500 personnes lors de sa première année qui ont défilé au milieu de costumes bariolés et de chars coloriés, dans une ambiance festive.

 

Sur les pancartes des manifestants, on pouvait lire des messages tels que « Si vous parlez à Dieu, vous êtes religieux. Si Dieu vous parle, vous êtes psychotique », « De l’écoute, pas que des gouttes », « On n’est pas fous, c’est le monde qui est fou », « Heureux soient les fêlés car ils laisseront passer la lumière », ou « Nos enfants ne sont pas dangereux ».

 

Le but de la Mad Pride française, c’est aussi de présenter schizophrènes, paranoïaques, bipolaires et dépressifs comme des personnes en souffrance, mais tout à fait capables de s’en sortir et de retrouver la maîtrise de soi (cf. concepts de rétablissement et d’empowerment).

 

Devant le succès de la première édition, les associations organisatrices de la Mad Pride (qui regroupent les principales associations d’usagers) se sont constituées en association afin de pérenniser le mouvement.

 

L’organisation de la Mad Pride 2016 sera portée par les usagers, puisque les associations impliquées entre autres dans le comité d’organisation sont Advocacy France, HumaPsy et Vie Libre.