L'Art-thérapie est « l'utilisation à des fins thérapeutiques de techniques relevant d'une pratique artistique ».
C’est une approche thérapeutique permettant aux personnes d’accéder à leurs sentiments et émotions refoulées, la pratique artistique servant d’outil, d’intermédiaire et réceptacle, et permettant de contourner les résistances.
La pratique artistique, coordonnée par un art thérapeute, permet de faire émerger les problématiques inconscientes du patient, l’aide à réguler ses émotions par leur expression, et l’accompagne vers une évolution positive de lui-même.
Selon la discipline artistique, même si le processus reste fondé
sur la créativité, le patient exprimera différemment ses douleurs, émotions, contradictions, voire violences… le matériau utilisé servant dans le cheminement personnel.
L'hôpital Sainte-Anne à Paris a été précurseur dans le domaine de l'Art thérapie, car un des premiers hôpitaux à organiser, dès 1946, des expositions d'oeuvres artistiques de patients, qui déboucheront sur la mise en place d'ateliers d'art thérapie pour les personnes hospitalisées.
Aujourd'hui, cette thérapie est reconnue comme un outil thérapeutique efficace, et de nombreuses structures et institutions, y compris des hôpitaux, proposent des ateliers dans des disciplines artistiques diverses et variées.
Deux processus sont mis en route simultanément dans un atelier d’art thérapie : celui bien sûr de la créativité, et aussi celui de transformation, l’idée étant que la pratique artistique va transformer en positif la personne.
En d’autres termes, l’art est un moyen, l’approche thérapeutique le but. Les deux sont intimement liés dans cette approche, la thérapie ajoutant à l’art le projet de transformation de l’individu.
Le cadre doit être précisément défini avant toute prise en charge (lieu, moment et fréquence de l’atelier…), et suffisamment contenant pour rassurer le patient.
La relation thérapeutique, même si elle passe peu par la parole, s’inscrit dans une dimension identique à celle établie dans les autres formes de psychothérapie. La confidentialité est par exemple respectée.
Le thérapeute est là pour accompagner le patient, sans chercher à
interpréter ce qu’il crée. Il ne s’agit nullement de mettre en mots le vécu propre au processus créatif, le résultat visé ne se trouve d’ailleurs pas dans l’objet produit (même si celui-ci peut
donner des satisfactions), mais bien dans le vécu du patient.
Le choix de la discipline n’est pas neutre.
Il ne s’agit pas en tout cas de choisir une pratique parce que le patient aurait déjà des compétences liées à elle, mais d’imaginer plutôt celle qui lui permettra de mieux explorer son inconscient et ses émotions.
Les disciplines artistiques les plus couramment proposées sont : les arts plastiques (peinture, sculpture, dessin, collage…), la musique, la danse, le théâtre, la photographie et l’écriture.
Certaines disciplines (arts plastiques, photographie…) permettent au patient une distanciation objective via un matériau et l’utilisation de la métaphore qui permettent le « pas de côté » parfois nécessaire pour raconter son histoire.
Les disciplines comme le théâtre, la danse, et le conte mettent en jeu le corps, permettent par ce biais de rejouer des conflits, de faire figurer aussi symboliquement les contradictions intérieures du patient. Et de l’aider, via l’expression corporelle, à accéder à une prise de conscience, parfois émotionnellement très forte. Le théâtre par exemple peut être vécu par certains comme un exutoire qui conduit aussi, après l’intensité du moment, à une certaine dédramatisation. Le conte, lu, imaginé, parfois joué, peut aider à exorciser angoisses, deuils et peurs.
La musique et le chant jouent aussi sur le corps, la respiration, les vibrations, le rythme. De plus, la musique a un pouvoir émotionnel fort, qui permet souvent, via les sensations et émotions exprimées, une réappropriation progressive du corps.
Il y a d’autres disciplines, moins fréquemment utilisées, comme les marionnettes, les masques, le maquillage, le spectacle de clowns, qui permettent de donner une « voix » aux figures de l’inconscient. Par l’intermédiaire de ce qui s’apparente à un jeu de rôle, elles donnent en effet la parole à des idées et inhibitions parfois très refoulées, voire permettent d’exprimer des fantasmes.
Il peut arriver, dans certaines structures, que le patient puisse tester plusieurs disciplines avant de porter son choix final. Voire en pratiquer plusieurs à la fois tout le long de la thérapie.
La toute première séance va permettre de définir le cadre, via notamment un entretien individuel entre le thérapeute et le patient. Celui-ci va généralement évoquer son mal-être et les attentes qu’il a par rapport à la thérapie. Le choix d’une discipline peut s’effectuer aussi lors de ce premier entretien.
Le déroulement des séances suivantes varie ensuite en fonction de l’art choisi, même si l’objectif est le même pour le patient, à savoir développer un langage symbolique donnant accès à des sentiments enfouis pour pouvoir ensuite mieux les intégrer.
Tout le long des séances, le thérapeute va aider le patient à se laisser aller, à laisser par exemple sa main agir sans mobiliser son cerveau.
Si le patient a du mal à lâcher prise, il arrive que le thérapeute, pour contourner ses résistances, lui propose un thème de travail. Le but étant de donner une impulsion de création au patient.
Une fois le processus enclenché, le rôle du thérapeute est d’accompagner, sans prendre trop de place, et surtout sans juger, le processus créatif du patient ; il va l’encourager à développer par exemple un mouvement, une forme, qui semble se répéter d’une production à l’autre et qui semble donc être porteur de sens.
Il est essentiel que l’accompagnement reste discret.
Il peut s’agir, dans un premier temps, d’accueillir tout simplement la production, parfois de l’orienter dans le sens d’une plus grande clarté.
Il ne s’agit pas pour autant de se contenter de peu, mais de pousser, avec prudence, le patient vers toujours plus de profondeur.
C’est lorsque le patient lâche enfin prise et quitte la superficialité que la thérapie avance.
Il arrive parfois, en cours de séance, que certains patients prennent conscience subitement de ce que leur production signifie ; comme si une évidence longtemps secrète leur saute aux yeux. L’art thérapeute a alors une fonction d’écoute importante, pour soutenir la prise de conscience.
Cependant, certaines personnes poursuivent leur thérapie sans qu’aucune évidence ne leur saute aux yeux, ce n’est pas pour autant que leur thérapie n’avance pas.
Les fins de séances donnent toujours lieu à un échange verbal entre le thérapeute et le patient. Celui-ci est invité à parler de ce qu’il a ressenti pendant le processus créatif. Le thérapeute peut soutenir la réflexion en posant des questions sans que celles-ci soient trop directives, de manière à ne surtout pas orienter les réponses du patient.
Chaque patient doit pouvoir, à son rythme, faire son cheminement thérapeutique, sans être brusqué par des interprétations qui n’ont pas lieu d’être, ni des révélations qu’il ne serait pas prêt à entendre.
On peut dire que l’art thérapeute est là pour accompagner le patient, en témoin discret et bienveillant.
La pratique préalable d’une discipline n’est pas nécessaire, l’objectif des ateliers d’art thérapie ne résidant pas dans une ambition artistique.
Les ateliers d’art thérapie sont donc ouverts à tous sans nécessiter une prédisposition particulière.
Néanmoins, cette thérapie n’est pas recommandée à tous.
Elle est intéressante à proposer aux personnes qui ont du mal à s’exprimer verbalement et/ou qui ont besoin d’un espace libre d’expression pour pouvoir communiquer et exprimer leur singularité.
Elle est par contre à éviter en cas de dépression profonde ou de phase de grande excitation.
Il existe en France quelques organismes qui regroupent des professionnels (voir liens plus bas).
Il peut être intéressant de rencontrer plusieurs thérapeutes avant de se décider, car il existe plusieurs approches différentes, parfois assez éloignées, ce dont témoignent d’ailleurs les écoles de formations.